Le jeûne intermittent
Que penser du jeûne intermittent après 70 ans:
Tout le monde en parle mais que doit-on retenir de cette nouvelle démarche potentiellement intéressante pour la santé?
Qu'est-ce que le jeûne intermittent?
Les premiers travaux scientifiques qui ont attiré l’attention sur le semi-jeûne prolongé ont été menés sur des jeunes animaux de laboratoire dans le but de ralentir leur croissance et de retarder leur vieillissement. Les souris ont bien réagi à cette coupure systématique de calories mais les humains n’ont pas eu les bénéfices espérés.
Puis, a pris naissance le concept du jeûne intermittent il y a une dizaine d’années grâce aux recherches du professeur Valter Longo. Ce concept a carrément révolutionné la façon de considérer le jeûne et a réussi à court circuiter le problème de la faim.
À l’heure actuelle, on peut ainsi pratiquer le jeûne intermittent de diverses façons :
- un jeûne complet deux jours sur cinq;
- aucun aliment 16 heures sur 24, en alternance avec une prise alimentaire les 8 heures qui restent;
- un seul repas par jour, pour certains.
En d’autres mots, le jeûne intermittent impose un espace-temps de plusieurs heures entre la prise d’aliments. On est toutefois loin d’un jeûne complet pratiqué sur de longues périodes.
Quels sont les bienfaits du jeûne intermittent ?
Qu’il soit intermittent ou prolongé, le jeûne ou l’absence de nourriture pendant plusieurs heures ou même pendant quelques jours force le corps à utiliser des sources alternatives d’énergie. Ce remue-ménage interne ne passe pas inaperçu! Les résultats qui découlent d’un déficit prolongé de calories sont étonnants : on y observe une baisse de la pression artérielle, une baisse de la glycémie, une perte de poids et certains y notent même une amélioration la performance cognitive.
Pour les jeunes personnes enrobées, le jeûne intermittent s’avère la formule à retenir selon l’avis de plusieurs cliniciens. De fait, les études effectuées pour vérifier les effets de cette approche ont toutes été menées chez des jeunes et moins jeunes, entre 18 et 65 ans.
Alors comment résister à de tels bienfaits ?
Aucune étude n’a mesuré les effets chez les personnes âgées. Il y a même quelques réticences à suggérer cette démarche chez les aînés.
Le professeur Longo lui-même a dressé une liste de personnes qui ne devraient pas entreprendre un jeûne intermittent :
Les jeunes enfants et adolescents
Les femmes enceintes
Les personnes minces dont le poids est inférieur au poids santé IMC
Les personnes de 70 ans et plus, sauf si en excellente santé, bien nourries et avec l’approbation de leur médecin
Les personnes ayant des problèmes rénaux et hépatiques
Les personnes qui font de la basse pression ou qui prennent différents médicaments doivent recevoir l’approbation de leur médecin.
Le professeur Longo n’est pas le seul à exprimer de telles réticences.
L’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale de France) mentionne que les « seniors » sont plus exposés aux risques associés à ce type de jeûne : fatigue importante, fonte musculaire, malaises. D’autres nutritionnistes ont également soulevé des inquiétudes concernant le groupe des aînés car le risque de déficiences en certaines vitamines et minéraux est nettement plus important.
Pourquoi ces réticences ?
Il ne faut jamais oublier que la personne âgée a des besoins élevés en protéines pour maintenir sa masse et sa force musculaire. Or, il devient quasi impossible de répondre à de tels besoins en ne mangeant que deux repas par jour ou même en jeûnant deux jours par semaine. On sait aussi que l’absorption des protéines se fait mieux lorsqu’elles sont réparties sur plusieurs prises alimentaires plutôt que consommées en grosses quantités à un ou deux repas.
Compte tenu qu’au Québec, une personne âgée sur 4 n’atteint déjà pas ses besoins en protéines en mangeant 3 repas par jour, et que les personnes âgées sont les moins bien nourries de la population, il serait difficile d’encourager l’adoption du jeûne intermittent pour la majorité des aînés.
Le mot de la fin
Sans adopter un jeûne intermittent strict, une personne aînée pourrait assez facilement sauter la collation du soir et avoir 12 heures sans prise alimentaire, de 20 h à 8 h, ce qui pourrait apporter quelques bénéfices. L’important demeure toutefois la qualité de ses choix alimentaires à l’intérieur d’une routine qui respecte ses besoins nutritionnels.
Références: The Longevity Diet. Longo V. Avery Publisher, NY 2016: Effects of Intermittent Fasting on Health, Aging and Disease, De Cabo R et Mattson M., New England Journal of Medicine, volume 381, décembre 2019; Jeûne intermittent. Déclenchement des mécanismes d’adaptation du corps, Le Médecin du Québec, volume 57, mars 2022